« LES ACM : UN ITINERAIRE AUDACIEUX C'est en 2000 que naît, au sein des Entrepreneurs et dirigeants chrétiens (EDC), l'idée des Assises chrétiennes de la mondialisation, alors que la préoccupation de la mondialisation s'amplifie dans les divers mouvements chrétiens. » (extrait, page 5) L'association proprement dite est constituée lors de l'assemblée générale du 21 octobre 2002 au siège du MCC. Vingt-deux mouvements sont présents. Sa durée est limitée à son objet : « Organiser une manifestation nationale intitulée “ Assises chrétiennes de la mondialisation ” … Lors de l'assemblée générale du 27 février 2003, où trente et un mouvements sont représentés, l'objectif est de « prononcer une parole signifiante, commune aux chrétiens vivant dans notre société, d'annoncer une parole audible aux Français non nécessairement croyants », mais l'idée de parole commune suscite des réserves, étant donné les différences entre les mouvements qui participent à la démarche. L'idée de parole commune va être progressivement remplacée par celle de parole plurielle, c'est-à-dire une parole qui ose dire la différence et se mettre en dialogue. Une parole qui doit faire place à la « dynamique des tensions » : il s'agit de passer d'une logique de la pensée unique à une logique de la confrontation des différences. Il fallait alors commencer par faire place à la diversité d'expériences. C'est ainsi que nous décidons d'organiser avant la grande manifestation nationale, des Assises territoriales de la mondialisation (ATM). Entre septembre 2002 et septembre 2003, une quarantaine d'ATM sont organisées de façon conjointe par différents mouvements chrétiens, en fonction de leur présence régionale. Ces assemblées abordent différents aspects de la mondialisation, selon la sensibilité et l'intérêt dominants dans chacune des régions où elles se tiennent. » (extraits page 7 et 8) |
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« Les ACM : une nouvelle manière « d'être Église » Les 16 et 17 janvier 2006, les ACM ont tenu leur deuxième Assemblée synodale à Lille. Ce Livre blanc a été au centre des échanges de l'assemblée. Sur la base des amendements proposés et votés, le Livre blanc a été validé par l'ensemble de l'assemblée. Il est ainsi devenu document de référence et plate-forme de dialogue des ACM. Il n'est pas l'expression d'une parole unique, mais celle d'une expérience de dialogue. Il n'a pas le statut d'une vérité adressée au monde, mais celui d'une tentative actuelle « d'être Église », c'est-à-dire d'une manière particulière d'être présent dans le monde en tant que chrétiens. « L'être Église » des ACM a pris la forme d'une rencontre vécue entre des chrétiens appartenant à des Églises et mouvements divers, qui sont parvenus à mettre leurs différences en dialogue et à se laisser interpeller par la parole de l'autre. Le Livre blanc est la trace de cette expérience exceptionnelle de rencontre inter ecclésiale, qui peut contribuer à renouveler la visibilité des chrétiens dans le monde. Il s'agit bien d'une manière originale d'être présents en tant que chrétiens : une présence qui passe davantage par l'écoute que par le jugement, par le discernement que par le décret, et qui trouve dans la rencontre le moyen de découvrir une vérité évangélique toujours à approfondir. Le Livre blanc constitue ainsi l'aboutissement de ce long chemin parcouru depuis cinq ans. » (extraits pages 11 et 12)
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PREAMBULE « LA MONDIALISATION : DIALOGUES POUR UNE TERRE HABITABLE Notre monde est traversé par des mutations majeures, mutations que l'on englobe sous le terme à géométrie variable de mondialisation. Nous, chrétiens de France, appartenant à différents mouvements d'Église ou d'inspiration chrétienne – catholiques, protestants et orthodoxes –, avons entendu, dans ces mutations, un appel adressé à tout notre être humain et chrétien… Dans une première partie, nous abordons la question de l'originalité et de la signification d'un regard chrétien sur la mondialisation. Dans une deuxième partie, nous présentons le résultat, toujours imparfait et provisoire, de la réflexion inter-mouvements réalisée autour de quatre axes thématiques.
Ce Livre blanc se propose ainsi comme l'expression de notre espérance chrétienne : espérance d'une terre plus habitable, invitation à inventer de nouvelles manières de l'habiter et, ce faisant, révélation de la présence sans cesse renouvelée de Dieu parmi nous. » (extraits pages 13-14)
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PREMIERE PARTIE : UN REGARD CHRETIEN « LES ACM, UN REGARD CHRETIEN SUR LA MONDIALISATION Les ACM sont nées d'une conviction forte : christianisme et mondialisation sont aujourd'hui mis en relation, voire en confrontation. Cette tension – féconde sans aucun doute – appelle, de la part du chrétien, réflexion et prise de position. Deux données fondamentales forment la base de cette conviction : la première est que la mondialisation est une réalité majeure de l'évolution du monde contemporain ; sa prise en compte est une obligation pour les Églises. La seconde réside en ceci : l'identité chrétienne traverse en profondeur à la fois l'existence individuelle et le vivre ensemble. Interpellée par les transformations que la mondialisation génère, et qui exigent de sa part un regard de foi, elle doit accepter une mutation profonde. … Ces deux aspects structureront notre travail : d'un côté, il s'agit de prendre la mesure de la mondialisation, des nouveautés qu'elle recèle, des possibilités qu'elle offre, mais aussi des ébranlements qu'elle déclenche, des catastrophes qu'elle provoque. Il faut, de l'autre côté, rassembler les multiples réactions que le déploiement de la mondialisation suggère aux membres des ACM et, à partir de ce matériau, contribuer au débat afin de participer à une meilleure organisation du monde .(extrait page 16)
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DEUXIEME PARTIE : POSITIONS ET PROPOSITIONS « AXE 1 UN DEVELOPPEMENT HUMAIN POUR UN AVENIR DURABLE La problématique du développement connaît une longue histoire. Le terme est apparu bien avant celui de mondialisation, et il est devenu très vite une préoccupation majeure au sein du monde chrétien. La question du développement a été en général abordée en termes de relations Nord-Sud et de différences de conditions de vie entre les pays riches et les pays pauvres. Le développement des pays moins avancés était alors pensé à partir du modèle appliqué par les pays plus avancés. Le développement était surtout conçu comme un problème de rattrapage entre deux niveaux de développement. Avec la mondialisation et la prise de conscience simultanée de l'unicité de la planète, la problématique du développement connaît un tournant majeur : d'une part, l'environnement et les ressources naturelles apparaissent comme un patrimoine commun et fini, d'autre part, on mesure mieux l'interdépendance existante entre les pays. … Le mode actuel de développement n'est ni durable ni généralisable. Dans la recherche d'un nouveau paradigme visant un optimum économique, social et environnemental, émerge le nouveau concept du développement durable. … Avec le développement durable se trouvent pour la première fois articulées dans cette conscience universelle née en dehors de toute référence explicite à la foi chrétienne, deux dimensions de la solidarité : la solidarité entre les peuples de la planète et la solidarité entre les générations. » (extrait page 31)
« Ce nouvel horizon de la responsabilité, pour les Chrétiens, est profondément associé à l'idée « d'alliance ». Aujourd'hui, le développement durable fait prendre conscience de dimensions inédites de notre histoire humaine qui appellent à redéfinir notre manière de vivre ensemble sur la même terre. Pour repenser la relation en société et la relation avec la nature, l'alliance biblique nous aide à retrouver des cohérences nouvelles entre des termes qui sont souvent présentés comme opposés : respect de la nature et développement humain, croissance et décroissance, local et global, liberté individuelle et responsabilité collective, génération présente et génération future. |
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Or, la recherche d'une nouvelle cohérence entre ces termes opposés peut, à son tour, permettre de reformuler l'alliance entre Dieu et l'humanité à partir des nouvelles données mises en évidence par le développement durable. … Fruit d'une prise de conscience universelle, la perspective d'un développement durable est révolutionnaire. Non seulement elle ouvre sur une vision globale et concrète du souhaitable à l'échelle de la planète, mais elle renvoie en même temps à un nouveau possible de l'éthique personnelle. Elle offre l'horizon utopique d'un monde harmonieux et, en même temps, déploie la chaîne des responsabilités qui pourrait y conduire. On conçoit bien qu'elle puisse susciter un enthousiasme et parfois de nouveaux dogmatismes. Interpellée par cette perspective, la foi chrétienne y entend l'écho profond de la tradition dont elle se nourrit. (extraits pages 39-40)
« AXE 2 MIGRATIONS ET CULTURE Le thème des migrations a mobilisé, depuis l'Assemblée synodale de 2004, dix Ateliers régionaux de la mondialisation. Il avait également fait l'objet des travaux des Assises territoriales qui se sont tenues avant l'Assemblée synodale. C'est un thème très présent dans l'esprit des participants à la démarche des ACM. Le texte qui suit s'inspire essentiellement des comptes rendus des Ateliers. Il veut en reprendre, le plus fidèlement possible, les conclusions et les faire partager à tous. … Réalités d'aujourd'hui : pesanteurs et espoirs Les migrations sont constantes dans l'histoire de l'humanité, qui en a connu d'innombrables au cours des siècles. Elles ne sont donc pas spécifiques à la mondialisation, mais il est vrai que cette dernière se traduit par des phénomènes migratoires d'ampleur considérable, et dont les conséquences sont incalculables… » (extraits page 44)
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« AXE 3 CONDITIONS SOCIALES, HUMAINES ET ECONOMIQUES De la création de richesses « Recherchons premièrement la croissance économique, et le reste nous sera donné pardessus le marché. » Cette affirmation ne date pas d'aujourd'hui, mais elle s'amplifie au contraire, tant il semble que l'économique se soit imposé comme une fonction première, un envahissant premier rôle, presque une drogue, notamment dans les sociétés riches. L'économique est nécessaire, respectable tant qu'il reste dans son rôle. Il devient détestable lorsqu'il s'enfle au point de se prendre pour l'essentiel, qu'il devient le pivot de nos existences. Le travail rémunéré fournit salaire, identité sociale, rencontre des autres, emploi du temps. Celui qui sort du travail rémunéré perd tout cela. Nos sociétés d'abondance sont désemparées. Redistribuer la production de richesses, de plus en plus déconnectée du travail humain, voire de la demande, et exister dans le temps libéré, imposent une mutation des pratiques et surtout des mentalités. A la différence de l'axe 1, qui se concentre sur les finalités de l'activité humaine, cet axe 3 voudrait éclairer les conditions concrètes qu'impose la mondialisation à la création de richesses, dans la vie des entreprises et de ceux qui en vivent. » (extrait page 54)
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« AXE 4 GOUVERNANCE, REGULATION ET CONSTRUCTION DE LA PAIX Réalités d'aujourd'hui : pesanteurs et espoirs Au cours de la réflexion accomplie dans les axes précédents, à propos du développement durable, des migrations internationales et de la production de richesses, l'importance des règles du jeu fixées par les institutions internationales, et de la qualité de leur application, a été mise en relief. L'ensemble de ces institutions, accords et règles qui structurent les échanges financiers et économiques mondiaux, les acteurs qui les influencent ou les administrateurs qui les gèrent, constituent ce qu'on appelle la gouvernance mondiale. Ce terme, dans notre perspective, n'implique aucune adhésion à cet ensemble d'institutions, de règles et d'acteurs. Cet ensemble doit au contraire être réformé et complété. Il doit être réformé, car l'orientation de la mondialisation vers la recherche du bien commun, la préférence pour les pauvres et la justice, impliquent une organisation beaucoup plus multilatérale, ce que certains appellent une régulation internationale, moins dominée par une seule puissance et reflétant davantage la variété des nations. Il doit être complété, car, aussi approfondies soient-elle, les règles internationales appellent toujours un engagement propre des communautés humaines, une responsabilité des acteurs. » (extrait page 71)
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